Longueuil : Seulement un trottoir local sur deux déneigé dès l’hiver prochain
Lors de la dernière séance du conseil de la Ville de Longueuil du mardi 16 juin, les élus ont voté pour l’amendement de trois contrats de déneigement sur une période de neuf ans avec l’option de déblayer un seul trottoir dans les rues locales. Une pratique pourtant abandonnée depuis 2013.
Suggestion du conseiller municipal Benoît L’Écuyer, cet amendement diminue la valeur totale des contrats de 4,6 M$, soit 5 % d’économie en neuf ans.
C’est un conseil divisé sur la question qui s’est prononcé finalement en faveur du déneigement d’un trottoir sur deux dans les rues résidentielles de la ville à partir de l’hiver prochain et ce pendant neuf ans. Néanmoins, cette façon de faire ne s’appliquera pas sur les artères principales, les corridors scolaires et les rues desservies par le transport en commun, qui continueront d’être déneigés des deux côtés.
En effet, neuf conseillers municipaux, dont les élus de Longueuil Citoyen et d’Option Longueuil, ainsi que quatre indépendants ont voté pour cette pratique, tandis que l’équipe de la mairesse Sylvie Parent et l’indépendante Nathalie Boisclair ont voté contre, pour un résultat de 5 contre 9.
Cette décision va à l’encontre de la politique en accessibilité universelle adoptée en 2013 par la Ville, ainsi qu’aux recommandations de l’administration municipale et du comité exécutif.
« Décroissance des services »
Pour les élus contre cette pratique pourtant abolie depuis sept ans, c’est un véritable retour en arrière. Le conseiller Tommy Théberge dénonce les élus en faveur : « Ils ignorent les besoins des enfants qui doivent se rendre à l’école, les travailleurs qui utilisent le transport en commun, les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite et les clientèles vulnérables qui résident dans les rues locales. Avoir deux trottoirs déneigés, c’est la moindre des choses. » Il désigne cette décision de « honteuse » et pense qu'il s'agit d'une décroissance des services pour les citoyens de Longueuil.
Une opinion que partage la conseillère indépendante Nathalie Boisclair qui rappelle que « le choix du trottoir à déneiger dépend de tellement de facteurs que c’était devenu ingérable à l’époque [avant 2013] ». Pour elle, il faudrait tenir compte de plusieurs faits en matière de déneigement : les déplacements actifs, les besoins des aînés et des enfants, l’augmentation des chantiers de constructions résidentielles, la présence de boîtes aux lettres collectives, l’autorisation de stationner dans les rues l’hiver et les débarcadères pour le transport en commun et les personnes à mobilité réduite.
Elle invite d’ailleurs les citoyens à déposer des plaintes et des commentaires l’hiver prochain.
Pour sa part, le conseiller Éric Bouchard a rappelé qu’au cours de la dernière année, les plaintes au sujet du déneigement ont diminué de 53 %, tandis que 75 % des résidents se disent satisfaits du déneigement des rues selon un sondage mené par la Ville.
« Un trottoir sécuritaire au lieu de deux impraticables »
Les élus de Longueuil Citoyen justifient leur approbation de ces amendements pour se concentrer sur le déneigement d’un seul trottoir sécuritaire plutôt que deux mal entretenus.
En effet, le conseiller Benoît L’Écuyer affirme : « Si on peut se concentrer sur le déneigement d’un seul trottoir, mais bien le faire pour qu’il soit sécuritaire, alors ça sera un gain pour tous les citoyens, peu importe leur condition. »
Pour Colette Éthier, la prochaine année servira de test et s’engage, aux noms des élus, de réévaluer la situation si les gains escomptés sur la qualité du déneigement ne se concrétisent pas comme prévu. « Quel que soit le bilan de l’an prochain, mes collègues m’ont assuré leur soutien si nous devions exercer à nouveau les options aux contrats de déneigement ou bonifier nos pratiques », a-t-elle déclaré.
Et puis, le conseiller Michel Lanctôt souligne de son côté qu’il arrive déjà que la Ville doive sacrifier un des deux trottoirs en cours d’année pour effectuer le déneigement dans les rues locales.
Le chef de l’opposition officielle, Xavier Léger, est inquiet qu’un seul soumissionnaire conforme ait été retenu pour chacun des trois contrats : « Ce n’est pas normal qu’une ville de la taille et de l’importance de Longueuil se retrouve avec si peu de soumissionnaires pour des contrats aussi importants. » Sur une possibilité de 11 soumissionnaires, seulement 4 ont déposé une soumission.
D’ailleurs, il souhaite que le Bureau de l’inspectrice contractuelle de Longueuil puisse examiner le processus d’octroi des contrats de déneigement pour s’assurer que les pratiques de la Ville favorisent la compétition entre les soumissionnaires.
Le conseiller indépendant Jacques Lemire a lui tenu à rappeler les résultats d’un sondage mené par la Ville, qui rapportait que 51 % des résidents souhaitent avoir un trottoir bien déneigé et 49 % en veulent deux.
D’autres réactions
Une lettre ouverte, dont TVRS a obtenu une copie, signée par neuf organismes, mentionne que la nouvelle procédure de déneigement de la Ville de Longueuil « mettra en danger les piétons durant les neuf prochains hivers, particulièrement les personnes à mobilité réduite, les enfants et les personnes âgées. »
Parmi les signataires, on retrouve l’Association des aveugles de la Rive-Sud (AARS), l’Association québécoise de joueurs d’échecs handicapés visuels (AQJÉHV), l’Association québécoise des parents d’enfants handicapés visuels (AQPEHV), l’Association des sports pour aveugles du Montréal métropolitain (ASAMM), l’Association des usagers du transport adapté de Longueuil (AUTAL), le Conseil canadien des aveugles de Longueuil (CCAL), le Groupement des Associations de Personnes Handicapées de la Rive Sud (GAPHRSM), le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal Métropolitain (RAAMM) et le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ).
Ceux-ci demandent à la Ville de Longueuil de revenir sur sa décision et d’assurer que les deux trottoirs seront déneigés cet hiver en rappelant : « L’accessibilité universelle, ce n’est pas de combler des manques ou de pallier certains besoins spécifiques. »