Entrevue avec Fady Dagher : bilan de l'année 2021 au SPAL
(Photo : archives TVRS) |
L’heure est au bilan pour le Service de police de l’agglomération de Longueuil pour l’année 2021. Entrevue avec Fady Dagher sur le sujet.
Policiers RÉSO
2021 était une année notamment marquée par la pandémie de COVID-19, mais également par l’entrée en vigueur du programme des policiers du Réseau d’entraide sociale et organisationnel (RÉSO). Au total, 17 de ces agents ont été déployés sur le territoire de l’agglomération. Pour M. Dagher, même si le programme a été lancé en décembre dernier, en quelques mois, il a été possible de remarquer une différence à quelques endroits. « À certaines adresses, dans certains secteurs, on voit une baisse des appels [au 911] parce que les policiers RÉSO interviennent en amont avec certaines personnes qui font des appels récurrents. » Le directeur ajoute cependant qu’au bout de six mois, il n’est pas en mesure d’établir un lien de cause à effet entre le programme et le fait qu’il aide à faire diminuer le nombre d’appels au 911 en général. « D’ici quelques années, si on voit que les appels vont baisser de façon assez considérable dans l’agglomération, c’est là qu’on va passer à 30, 35, 40 policiers RÉSO. »
Trois universités évaluent également le programme afin de pouvoir démontrer que la présence des agents permet de réduire les ressources utilisées par les services lorsqu’ils interviennent en urgence pour régler une situation. « Transport d’une personne, donc les ambulances, l’hôpital, le médecin et les infirmières qui le reçoivent, peut-être un aspect incarcération, l’aspect judiciaire par la suite. On veut démontrer ce que l’intervention de policiers RÉSO avant une intervention avec appel au 911 permet d’éviter comme coûts à la société. »
La COVID-19
Durant l’année 2021, les agents de la paix ont également eu à travailler en conditions de pandémie de COVID-19, et ce, alors qu’elle était parfois à son plus fort. M. Dagher indique que « ça a été difficile. Les troupes policières ont trouvé très difficile. Tous les impacts que quelqu’un peut avoir vécu de la COVID, on l’a vécu. Mais en plus, notre métier, c’est d’aller dans la détresse humaine. Quand tout le monde fuit dans un sens, la police va dans l’autre sens pour aller intervenir. Humainement parlant, ce n’est pas naturel de voir des gens se mettre volontaires pour aller combattre un crime et qu’on se met en danger de manière très récurrente. »
Il ajoute que c’est également durant cette période que les agents ont dû faire respecter le couvre-feu, chose inhabituelle pour un corps de police. « Ça ne se trouve pas dans un livre de recette ça. Il a fallu trouver la manière de travailler, surtout faire preuve d’adaptation. C’est tolérance au lieu de tolérance zéro, parce que tout le monde devait s’adapter à cette nouvelle réalité. »
Pénurie de main-d’œuvre
Au SPAL, M. Dagher estime que ce n’est pas le manque d’agents qui est problématique. Les cadets sont au rendez-vous et les candidatures continuent d’être présentes pour occuper la fonction. Or, la profession policière a de la difficulté à garder certains policiers plus expérimentés, qui ont parfois de la difficulté avec le nombre grandissant de personnes ayant des troubles de santé mentale avec qui il faut intervenir. « Je pense qu’il y en a plusieurs qui ne s’attendaient pas à travailler avec la santé mentale, la détresse humaine, plutôt que les interventions criminelles pour lesquelles ils sont engagés. On a des démissions maintenant, à 10 ans, 15 ans d’ancienneté. On n’avait jamais vu ça auparavant. »
Aspect positif : peu de fusillades
Il y a eu trois événements impliquant des armes à feu à Longueuil pour 2021. En comparaison, sur la même période de temps, Montréal en a eu 516 de signalés. Laval, qui a une population similaire à celle de l’agglomération de Longueuil, en a eu 42. « C’est très positif et c’est même sécurisant pour la population », dit Fady Dagher. « Une des grandes criminalités de violence, c’est les stupéfiants et c’est au niveau du crime organisé et des motards. On est très très forts à les combattre et à faire des perquisitions et ce qu’on a remarqué c’est qu’on saisit beaucoup d’armes. Donc, on n’est pas loin d’une problématique qui pourrait survenir, mais on intervient juste à temps. »
À surveiller : la violence et les fraudes
Le directeur du SPAL est préoccupé par diverses augmentations en termes de violence. Les statistiques pour 2021 sur le territoire de Longueuil et des villes de l'agglomération indiquent que la violence conjugale (+12,8 %), les crimes sexuels (+16,4 %), les fraudes (+12,9 %) et la violence chez les jeunes sont en émergence. Les problématiques en santé mentale sont aussi en hausse et même les appels criminels sont teintés de problèmes en santé mentale. La criminalité est aussi de plus en plus banalisée chez les jeunes selon M. Dagher, ce qui en fait une source de préoccupation pour les autorités.