Deux syndicats du personnel du cégep Édouard-Montpetit se prononcent sur la crise des conditions de travail et salariales dans le secteur collégial
À la suite de l’annonce d’une future grève de cinq jours au cégep Édouard-Montpetit, les présidents des deux syndicats ayant obtenu un mandat de grève par leur établissement, Marlène Couture du syndicat du personnel de soutien (SPSCEM) et Jean-Luc Djigo du syndicat du personnel professionnel (SPPCEM), détaillent les raisons de cette action.
« Ce n’est pas notre première volonté de faire une grève, car notre objectif est d’être là pour nos étudiants. Par contre, c’est un moyen de pression que l’on doit utiliser lorsqu’on est poussé à bout afin d’envoyer un message clair au gouvernement », explique Jean-Luc Djigo du SPPCEM.
L’intention des deux syndicats est de démontrer leur détermination pour obtenir leurs réclamations au sein du gouvernement, et d’informer la population sur leur combat pour améliorer les services aux étudiants.
Plus précisément, le secteur collégial demande une augmentation salariale de 6 % pour tous les corps de métiers œuvrant dans les cégeps sur une période de trois ans, soit de 2020 à 2023, fin de la convention collective des travailleurs de l’État. Pour l’instant, le gouvernement propose une hausse de 5 %.
Selon les deux syndicats, cette hausse salariale permettra de freiner la pénurie de personnel qui sévit dans le secteur collégial en assurant une rétention des employés et en présentant des conditions de travail plus persuasives lors des recrutements. Actuellement, l’écart des salaires avec les secteurs privés et parapublics est trop grand pour que le secteur collégial puisse concurrencer.
« On perd de bonnes candidatures à cause des conditions de travail et des conditions salariales, surtout dans certains corps de métier, comme les techniciens informatiques, les psychologues et les employés de métiers qui peuvent avoir un salaire beaucoup plus élevé que dans le secteur collégial », soutient Marlène Couture du SPSCEM.
Pour les deux syndicats, le manque d’effectifs dans les cégeps détériore les services aux étudiants.
D’autres réclamations pourraient régler divers problèmes liés aux conditions de travail, comme augmenter la contribution aux régimes d’assurances, qui est présentement aux frais des travailleurs; mettre en place des primes d’attraction pour attirer certains corps de métier; que les permis pour exercer sa profession soient subventionnés par l’employeur et non l’employé, etc.
De plus, les syndicats s’inquiètent sur la volonté du gouvernement de modifier la convention collective actuelle avec un changement d’horaire à 10 jours d’avis, et un nouvel horaire de 40 heures par semaine au lieu de 35 heures, avec moins d’heures en été. « Ça vient directement jouer dans nos conditions de travail et de nombreuses personnes ne pourront plus concilier le travail et leur famille avec ces nouvelles normes », se désole Marlène Couture.
Selon les résultats d’un sondage de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) publiés le 26 janvier 2021, 54 % des répondants œuvrant dans le secteur collégial songent à quitter leur emploi et 70 % mentionnent vivre une pénurie du personnel dans leur établissement.
Pour l’instant, les syndicats réaffirment ne voir aucune ouverture de la part du gouvernement qui a pourtant décidé de poursuivre les négociations en contexte de pandémie.
Plusieurs autres syndicats du secteur collégial à travers la province ont également obtenu des mandats de grève.
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