Centre-ville de Longueuil : Le milieu communautaire s’inquiète
En réaction à l’annonce d’un important projet immobilier dans le secteur du centre-ville de Longueuil de 500 M$ sans la moindre allusion à la construction de logements sociaux ou d’espaces sociocommunautaires, le milieu communautaire de Longueuil montre son mécontentement.
Le conseil municipal de la Ville de Longueuil a d’ailleurs voté en faveur du projet lors de la séance du mardi 26 mai. Le plan de Devimco ira donc de l’avant.
En point de presse mercredi 27 mai, Martin Boire de la Corporation de développement communautaire de l’agglomération de Longueuil, Madeleine Lagarde du Carrefour le Moutier et investigatrice du projet Maison de l’accueil, Marco Monzo du Comité logement Rive-Sud et Élise Tessier d’Alliance Carrière Travail, ont tous manifestés leurs préoccupations quant au besoin de logements sociaux et de services communautaires au centre-ville de Longueuil.
« C’est impératif dans toutes les phases du développement du centre-ville », a mentionné d’entrée de jeux Martin Boire. Il affirme que des discussions sont en cours avec les élus de la Ville de Longueuil, mais reste clair sur sa position : « Ce qu’on souhaite, c’est un engagement politique sur la présence de logements sociaux et d’espaces sociocommunautaires ».
Le milieu communautaire désire être partie prenante dans la réflexion pour trouver des solutions et améliorer la vie des citoyens. Ce que ne rejette pas du tout la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, qui se veut rassurante : « Nous avons encore 18 mois pour nous asseoir ensemble et discuter des préoccupations, en plus de n’être que dans la première phase d’un projet de 3,5 milliards de dollars. »
La Maison de l’accueil, qui vise à agrandir les espaces sociocommunautaires et offrir plusieurs services sociaux de proximité aux citoyens, est un projet structurant que souhaitent voir les membres du milieu communautaire au centre-ville. « Nous sommes bien placés pour évoquer les besoins du secteur en étant présents depuis plus de 50 ans avec le Carrefour le Moutier au métro », rappelle Madeleine Lagarde.
En réponse, Mme Parent explique que la Ville est toujours en attente d’un plan d’affaires complet, incluant le financement, de la Maison d’accueil, pour savoir si son aménagement est faisable ou non au centre-ville.
Le développement immobilier de Divemco prévoit la construction de 1 200 unités de logement. Néanmoins, on ne sait pas si on parle de condos de luxe ou de logements abordables. Ce qui est clair, c’est que cette première phase ne proposera aucun logement social.
La mairesse de Longueuil rappelle cependant que « la Ville est au courant du besoin de logements sociaux et que les équipes continuent de travailler pour en développer », notamment avec son Programme particulier d’urbanisme. La Ville est d'ailleurs en attente de la volonté des gouvernements fédéral et provincial pour accélérer le processus et leur envoyer les fonds nécessaires. Actuellement, ce sont près de 700 foyers qui se tâtent pour être construits à Longueuil.
Lors du dévoilement du projet le 21 mai dernier, Sylvie Parent mentionnait que des logements sociaux seraient plutôt envisagés dans les secteurs du pôle de Roland-Terrien et sur le boulevard Tashereau, où rappelons-le, d’importantes réalisations sont également prévues.
Pourtant, le milieu communautaire réitère que des logements sociaux sont aussi nécessaires au centre-ville de Longueuil afin d’assurer la proximité des services aux populations vulnérables. « On ne veut pas que des logements sociaux au centre-ville, mais c’est une opportunité d’en construire », souligne Martin Boire.
Actuellement, près d’un millier de personnes patientent pour pouvoir habiter à Longueuil. « Il faudrait toujours prévoir une division de logements sociaux dans les nouveaux développements. À Longueuil, 33 % des ménages locataires consacrent plus de 30 % de ses revenus pour se loger, 14 % y consacrent 50 % et 5 % y consacrent 80 %. », explique Marco Monzon. De plus, il mentionne que très peu d'habitations sont disponibles et que les taux d’inoccupation sont très bas. Par exemple, pour un 5 et demi, on parle de 0,3 % d’inoccupation.
« On manque de logements sociaux, et la situation est encore plus grave pour les personnes à faible revenu », ajoute-t-il.
Et puis, avec le développement de ce secteur et la construction de plusieurs commerces et bureaux, les nouvelles entreprises du centre-ville de Longueuil auront besoin de main d’œuvre. Élise Tessier, d’Alliance Carrière Travail, affirme que l’organisme « accompagne près de 4 000 chercheurs d’emploi par année », et sollicite un « développement plus inclusif » à cet endroit.
Pour conclure, Mme Parent s’est dit pour un secteur de « mixité », et a tenu à rappeler l’objectif de l’évolution du centre-ville de Longueuil : « Ce qu’on souhaite, c’est un milieu de vie complet, avec des commerces et des services à proximité dans le but d’éliminer l’usage de la voiture et de réduire les gaz à effet de serre. Je comprends les inquiétudes, et nous avons 18 mois pour discuter avec les organismes. »
D’autres réactions
Lors du vote d’approbation du projet de développement du centre-ville par Divemco, mardi dernier à la séance du conseil, les quatre élus de l’opposition ont été les seuls à voter contre, notamment pour les mêmes raisons que le milieu communautaire, en plus de ne pas avoir reçu les études d’impact du projet sur la circulation et la fluidité.
Le député provincial de Longueuil–Saint-Hubert, Denis Trudel, qui est très impliqué quant à la crise du logement, a lui aussi réagi en déposant un plaidoyer pour la mixité sociale : « Le projet présenté au conseil municipal comporte une grande lacune : le manque de balises et l’obligation pour le promoteur d’inclure des logements sociaux et du logement abordable », mentionne-t-il par voie de communiqué.
Nous en sommes qu’à la première phase du développement du centre-ville de Longueuil qui prendra de nombreuses années à réaliser. Le projet total porte sur 1 km de rayon pour 3,5 milliards d’investissements : un dossier à suivre.