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L'usage de pesticides sur les terrains de golf fait jaser à Saint-Lambert

Lundi 19 juin 2023 11:46 Gabriel Provost
(Photo: Ville de Saint-Lambert)

Des citoyens se sont présentés au conseil municipal de Saint-Lambert de juin afin de discuter de l'usage de pesticides sur les golfs, une situation sur laquelle la Municipalité n'a pas le contrôle complet, et ce, bien qu'elle soit propriétaire des deux terrains sur son territoire. 

La mairesse lambertoise, Pascale Mongrain, a rappelé que sa ville est l'une des rares à posséder les espaces où se pratique le golf, ce qui fait en sorte que la réglementation lui donne un peu plus de pouvoir sur les exploitants, qui sont en quelque sorte ses locataires. Comme ils louent l'espace qu'ils occupent, ils doivent se conformer aux baux conclus avec la ville, qui indiquent qu'ils doivent fournir chaque année une liste des produits qui sont épandus sur les terrains. Or, en fin de compte, c'est le gouvernement provincial qui se doit de faire respecter la réglementation sur le terrain, qu'il impose aux golfs de façon uniforme et qui touche entre autres l'aspect de l'usage de pesticides. 

Davantage de pouvoir aux municipalités

Mme Mongrain a assisté à une rencontre du nouveau président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Martin Damphousse, lors de laquelle elle l'a questionné sur l'enjeu des municipalités et des pesticides. Il semble que l'UMQ travaille présentement à donner davantage de pouvoirs aux villes sur le sujet, une situation que la mairesse de Saint-Lambert voit comme préoccupante. « On m'a dit qu'on est en train de négocier pour que les villes puissent réglementer sur les pesticides. Je pense que c'est une très mauvaise idée parce que 1 100 villes : est-ce que vraiment on va se retrouver avec le fardeau de réglementer sur les pesticides, qui sont des produits chimiques complexes que seuls les agronomes maîtrisent vraiment bien? Après ça, est-ce que c'est vraiment nous qui allons avoir le fardeau de la gestion des inspections, des échantillons, des tests, des sanctions ? Je pense que ça n'a pas de bon sens ». 

Une citoyenne, Isabelle Gendron, a par ailleurs suggéré à la Ville d'utiliser les nouveaux employés de la Brigade verte embauchés par Saint-Lambert afin qu'ils s'assurent que les golfs respectent la réglementation à laquelle ils sont assujettis. « J'ai vu qu'on embauchait quelques agents à l'environnement. Je me demandais si on pouvait leur demander de faire respecter la réglementation au niveau des pesticides. La réglementation actuelle n'est pas respectée par le Country Club à certains points. Comme l'affichage pour les golfeurs à savoir quand il y a épandage. Tant qu'à l'afficher pour les golfeurs, on pourrait informer les citoyens qui sont limitrophes, et pourquoi pas tous les citoyens de la ville ? » Elle ajoute que l'épandage de pesticides dans les marges près des propriétés ne serait également pas respecté par le golf. « On parle beaucoup de la réglementation future qu'on voudrait mettre en place, mais la réglementation actuelle n'est pas respectée. » 

Le directeur général lambertois, Jasmin Savard, lui a répondu que « pour l'instant, ce n'est pas la mission de la Brigade verte ou des inspecteurs parce que c'est une réglementation provinciale d'application provinciale. Donc ce sont les inspecteurs du ministère de l'Environnement qui ont la responsabilité, que ce soit sur plainte ou autre chose, de faire respecter la réglementation provinciale. » La portée des actions pouvant être faites par la Ville est ainsi limitée. Par exemple, Saint-Lambert se doit de vérifier que l'exploitant possède un certificat environnemental ou encore qu'il détient un plan et un inventaire de pesticides utilisés. Il n'est pas du ressort de la ville de vérifier directement sur le terrain quels produits sont utilisés. 

Intention d'agir du Country Club

L'un des membres du conseil d'administration du Country Club était présent à la séance du conseil. Il a notamment mentionné que lors d'une rencontre avec la Ville le 30 mai dernier, une réglementation lui a été présentée. Ce règlement, qui lui était jusqu'alors inconnu, indiquait que l'exploitant se doit d'afficher les moments durant lesquels de l'épandage est effectué.

Étant désormais au courant de la réglementation d'affichage en vigueur, le Country Club compte adapter ses pratiques pour respecter ce règlement et a également pris l'engagement d'essayer de contrôler la dérive lorsque de l'épandage est fait sur les terrains pour que les pesticides restent dans un secteur précis sur les terrains de golf. La mairesse a également ajouté qu'avant les périodes d'épandage, les citoyens qui se trouvent en périphérie des terrains de golf seront contactés par le Country Club afin d'être avisés. 

Comparaison avec les autres villes

Certains Lambertois ont indiqué que la Ville aurait le pouvoir d'agir en termes de gestion des pesticides afin de mettre en place sa propre réglementation sur le sujet, comme d'autres administrations municipalités l'ont fait ailleurs dans la province. L'administration municipale de Saint-Lambert a donc discuté avec les élus de Chelsea, Hudson, Gatineau et Lorraine afin de voir si, comme stipulé sur les réseaux sociaux, ces villes étaient de meilleurs élèves que Saint-Lambert quant à l'encadrement des pesticides sur leur territoire.

La conclusion à laquelle est arrivée la mairesse à la suite de ces discussions indique que « les golfs sont exclus des réglementations municipales sur les pesticides », ce qui signifie que les règlements mis en place par les villes n'ont pas forcément à être respectés puisque c'est Québec qui réglemente sur les pesticides des golfs. De plus, Saint-Lambert a reçu « des opinions juridiques contradictoires, c'est-à-dire qu'on a des juristes qui disent que c'est un champ d'exception qui est exclusivement de compétence provinciale. D'autres juristes pensent que ce serait possible de réglementer. Alors on va en reparler en conseil, mais c'est un sujet compliqué. » 

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