La Rive-Sud réagit aux tarifs douaniers
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Photo : ArcellorMital |
En réponse aux tarifs douaniers américains entrés en vigueur ce mardi, de nombreuses entités gouvernementales et organisations de la Rive-Sud ont réagi avec des demandes ou des plans d'action.
C'est d'ailleurs le cas de la MRC de Roussillon, qui procède au déploiement du plan d'action qu'elle avait annoncé en début février. Ce plan, intitulé Roussillon Résiliente et Solidaire, vise à diversifier l'économie du territoire, en se basant sur trois objectifs principaux, à commencer par un « soutien des entreprises locales des secteurs industriel et agroalimentaire en documentant leurs enjeux et besoins, en les informant des mesures gouvernementales et en leur offrant un accompagnement personnalisé ».
La MRC compte aussi stimuler l’économie locale en lançant une campagne promotionnelle grand public sur la consommation locale et l'approvisionnement local, et accélérer le développement de nouvelles industries à travers un futur projet valorisant « les attraits régionaux et le riche potentiel agroalimentaire » des onze municipalités de son territoire. Des 350 entreprises manufacturières de la MRC, la moitié font des exportations aux États-Unis. Le secteur au total représente 6 500 emplois dans le secteur. Quant à la MRC de Marguerite D'Youville, un plan d'action sera également annoncé prochainement pour les entreprises de son territoire.
Le mois dernier, la Ville de Longueuil avait indiqué au Courrier du Sud qu'elle se préparerait, avec l’Union des municipalités du Québec (UMQ), les autres villes de son agglomération ainsi que d'autres instances gouvernementales, à l'arrivée des tarifs douaniers. Il était notamment question de prioriser les commerces locaux dans ses achats.
Si des villes prennent action face aux impacts de la guerre commerciale, les députés fédéraux réagissent également au dossier. Par voie de communiqué, le député de Pierre-Boucher — Les Patriotes — Verchères, Xavier Barsalou-Duval, indique avoir contacté plusieurs entreprises de sa circonscription afin de « bien cerner les défis auxquels ils sont confrontés ». Des villes de la région telles que Varennes, Contrecoeur, Verchères, et Boucherville abritent « des parcs industriels d’importance qui représentent des dizaines de milliers d’emplois », tels que l’aciérie ArcelorMittal, et qui effectuent beaucoup d'échanges commerciaux avec les États-Unis, selon le député. Rappelons que selon Développement économique de l'agglomération de Longueuil (DEL), le secteur manufacturier, notamment les industries du métal, de la construction, de la transformation alimentaire et de l'aérospatial, sera fortement affecté par les tarifs américains de 25% ainsi que les contre-tarifs canadiens.
Responsable de 17% du PIB de la Montérégie, le secteur manufacturier est donc dans une situation précoce. En effet, la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud (CCIRS) indique que la survie d'une entreprise manufacturière sur trois est en péril si cette guerre tarifaire perdure. La chambre de commerce salue le programme Frontière du gouvernement du Québec, qui versera des liquidités aux entreprises exportatrices du secteur manufacturier ou d’un secteur primaire pour assurer leur résilience dans cette crise, mais elle demande tout de même l'application de certaines mesures, notamment en ce qui concerne les contre-tarifs.
« Si la riposte est essentielle, elle doit viser les produits que nous pouvons facilement remplacer par d’autres fournisseurs. On doit notamment éviter de taxer de 25 % les composantes critiques que l’on importe des États-Unis et pour lesquelles nous n’avons pas de fournisseur alternatif », lance la chambre. Elle demande aussi à ce que les entreprises québécoises soient favorisées dans les contrats publics, que le taux d’imposition québécois sur le revenu des sociétés soit diminué, et que les barrières au commerce entre les provinces canadiennes soient éliminées rapidement.
Rappelons que selon un sondage mené par DEL et publié mardi, 32% des PME de l'agglomération de Longueuil prévoient des mises à pied en lien avec les tarifs. Cette nouvelle survient alors qu'en 2024, le taux de productivité du pays a chuté de 0.4%. Les entreprises, qui devaient déjà augmenter leurs activités de production afin de combattre cette diminution, devront donc s'acharner de plus belle pour remonter la pente en raison de la guerre commerciale.