Le FRAPRU et ses groupes membres de la Montérégie revendiquent des logements sociaux
(Photo : Comité logement Rive-Sud) |
COMMUNIQUÉ - Alors que la crise du logement n’épargne aucune région du Québec, le Comité logement Rive-Sud, le Comité logement de Beauharnois et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ont tenu une conférence de presse à Châteauguay ce matin, avant de rendre visite à la députée caquiste, Mme Marie-Belle Gendron. Ils l’ont interpelée afin qu’elle porte auprès du gouvernement du Québec, l’importance de financer de façon récurrente et pluriannuelle le développement de logements sociaux, avec des objectifs qui soient à la hauteur des besoins, dans son prochain budget. Cette mesure devrait, selon eux être au cœur du tant attendu plan d’action gouvernemental en habitation.
L’appauvrissement des locataires se fait sentir en Montérégie
Les données du dernier recensement de Statistiques Canada, analysées dans la 8e édition du Dossier noir sur le logement et la pauvreté du FRAPRU, démontrent les besoins criants pour les ménages locataires. En 2021, en Montérégie, plus de 51 000 ménages, dont 1 845 à Châteauguay, 19 245 à Longueuil et 535 à Beauharnois, consacraient une part démesurée de leur revenu pour leur logement[1], soit un quart des locataires de la région. Le revenu médian annuel des 16 100 ménages montérégiens qui parmi eux consacraient plus de la moitié de leur revenu pour se loger n’est que de 18 600 $.
De plus, des milliers de ménages admissibles de Châteauguay, Longueuil et Beauharnois sont toujours en attente d'un logement à loyer modique (HLM). Cette situation est catastrophique pour ces locataires qui luttent pour répondre à leurs besoins fondamentaux. « Il est inacceptable qu’en 2023, trop de personnes doivent choisir entre se loger et se nourrir, en particulier quand on sait que l'instabilité résidentielle et le surpeuplement ont un impact significatif non seulement sur la santé physique et mentale, mais aussi sur le développement des enfants », s’insurge Stéphane Moreau du Comité logement Rive-Sud.
Des annonces insuffisantes
Lors de la dernière mise à jour économique, le gouvernement Legault annonçait 1,8 milliard de dollars sur 5 ans (dont 900 millions $ du gouvernement fédéral) pour financer 8000 logements sociaux « et abordables ». D'après les organisations de défense du droit au logement, cette annonce représente un premier pas dans la bonne direction, mais le tout est insuffisant pour faire obstacle à la pénurie de logement, l’explosion du coût des loyers et l’aggravation de l’itinérance. Selon eux, il est impératif d’en faire davantage en prévoyant un nombre beaucoup plus élevé de logements sociaux, pour les 5 prochaines années, et de réserver les fonds publics uniquement à la réalisation de logements sociaux, hors marché privé.
Des mesures concrètes exigées à la CAQ
Selon Carl Lafrenière, du FRAPRU, « Le logement dit "abordable" est une notion élastique, qui ne fournis aucune garantie à long terme que les besoins des locataires les plus précaires soient répondus. C’est pourquoi il serait inacceptable que des fonds publics servent à une autre fin que le logement social. Il s’agit de la seule formule assurant à long terme des loyers répondant véritablement à la capacité financière des locataires. » Selon le FRAPRU, le logement social doit être développé par le biais d'un programme pérenne et exclusivement dédié au logement social. « Le Programme d'habitation abordable Québec (PHAQ) est principalement conçu pour soutenir le secteur privé et ne fait absolument pas ses preuves depuis sa création », insiste Annick Frappier du Comité logement Beauharnois. Les groupes pour le droit au logement s’attendent à ce que le Plan d'action en habitation de la ministre France-Élaine Duranceau, et le prochain budget du Québec prévoient des annonces en ce sens.
Le FRAPRU et ses groupes membres continueront les pressions sur le gouvernement caquiste jusqu’au prochain budget, dans le cadre de la nouvelle campagne Au front pour le logement social, lancée en octobre dernier et dans laquelle bon nombre d’autres actions sont prévues. Ils demandent la planification de 50 000 logements sociaux sous différentes formes en 5 ans.
[1] Selon la norme d’abordabilité reconnue par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) et des organismes québécois en habitation, le seuil à partir duquel un ménage paie trop cher pour se loger est établi à 30%.