L’hôpital Pierre-Boucher ou l’as du recyclage
L’an dernier, 15 tonnes de plastique de l’hôpital Pierre-Boucher ont été récupérées grâce à son implication dans le recyclage. Les matières sont triées par des patients de l’hôpital, particulièrement atteints de schizophrénie.
Ils ont mis en place des plateaux de travail pour recycler plastique et papier, en plus de contribuer au bien-être des plus vulnérables. Ces plateaux visent à la réinsertion sociale des travailleurs.
Cette initiative vient de l’organisme Synergie Santé Environnement (SSE) en collaboration avec le CISSS de la Montérégie-Est. Aujourd’hui, les trois établissements de cette région procèdent de la même façon quant au recyclage des matières hospitalières. D’ailleurs, le CISSS Montérégie-Est a gagné le prix d’excellence en développement durable du ministère de la Santé en 2018.
Dans le cas de Pierre-Boucher, l’établissement a servi au projet pilote à l’implantation des plateaux de travail et du tri des matières par catégorie. Il existe une vingtaine de matières différentes dans les hôpitaux.
« L’idée de base était de s’occuper de notre clientèle et de faire en sorte que le papier qui doit être déchiqueté soit détruit à l’interne, et non par une compagnie externe », soutient Nathalie Robitaille, directrice générale de SSE et conseillère en santé environnementale.
On parle aujourd’hui de près de deux tonnes de papiers déchiquetés par semaine à l’hôpital. De plus, les travailleurs se chargent aussi de détruire tout ce qui contient des données nominatives, comme les bracelets de patients par exemple. Bien sûr, en toute confidentialité.
L’irritant dans la gestion des matières résiduelles du domaine de la santé est le plastique. Nathalie Robitaille déplore « le plastique encore stérile qu’on jette ». C’est pourquoi elle s’est penchée sur la question de la récupération de ces matières qui n’ont jamais été en contact avec des patients.
« Ce qui était difficile de trouver ou envoyer ces matières triées, parce que la Ville de Longueuil n’offre pas de collecte sélective et on n’a même pas de bacs de recyclage », se désole Mme Robitaille.
La solution : faire affaire avec des conditionneurs québécois qui transforment ces types de plastique en granules. Ce qui permet également la réutilisation des matières jetées.
Toutefois, la plupart des conditionneurs n’acceptent que quelques sortes de plastique. Nathalie Robitaille affirme, par sa connaissance, qu’il n’y a que deux conditionneurs au Québec qui acceptent l’ensemble des matières triées.
Ainsi, ce sont 50 % des matières qui sont recyclées à Pierre-Boucher.
Prendre soin de l’environnement et des patients
À Pierre-Boucher, les personnes qui s’occupent du tri et du déchiquetage des matières sont des patients de l’hôpital et sont suivies par l’organisme longueuillois D’un couvert à l’autre qui vient en aide aux personnes atteintes de problèmes de santé mentale.
« Avant, les patients venaient à l’hôpital pour se faire traiter, et aujourd’hui ils viennent pour travailler », souligne la directrice générale de SSE.
Ainsi, cette initiative permet de briser l’isolement, et fait ressentir une forme d’utilité envers les « trieurs-déchiqueteurs ».
À l’heure actuelle, Nathalie Robitaille se réjouit de l’engouement des autres hôpitaux de la province qui, selon elle, « veulent tous faire comme Pierre-Boucher ». D’ailleurs, son organisme a signé des mandats pour le CISSS Montérégie-Ouest et le CHUM.