La présentation exhaustive du projet et les explications sur les impacts de la venue du fameux constructeur de batteries Northvolt à McMasterville, jeudi soir dernier à Saint-Basile-Le Grand, par une équipe d’une dizaine de fonctionnaires de trois ministères, n’auront pas nécessairement convaincu les quelque 150 citoyens présents (dont de nombreux militants écologistes) que la construction de cette usine est une bonne nouvelle.

Par contre, l’exercice aura permis d’apprendre qu’une étude du Bureau d’audience publique en environnement (le BAPE) pourrait tout de même être tenue dans le cadre de l’aménagement de l’usine évalué à sept milliards, mais lors de la mise en chantier de la phase 3 seulement. En effet, dans quelques années, Northvolt devrait construire un troisième bâtiment pour recycler les batteries défectueuses ou en fin de vie. Parce que ce genre d’usine nécessitera l’utilisation de produits règlementés, le ministre pourrait commander une étude d’impacts au BAPE. Mais pour l’heure, Northvolt n’a pas déposé de demande en bonne et due forme pour cette troisième phase qui arrivera dans quelques années seulement, alors que l’usine de production sera, elle, en opération.

Nombreuses questions
La majorité de la vingtaine de questions du public adressées aux fonctionnaires du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, du ministère des Transports et de la Mobilité durable et du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, lors de la soirée, portaient principalement sur les impacts environnementaux de l’arrivée de Northvolt.

Que ce soit Claude Talbot, Sabrina Gilbert, Denise Fortin, Richard Morel, Rolande Dalmagreau, Hélène Brown, Pierre Goyer ou madame Breton pour ne nommer que ceux-là, les impacts sur la circulation, sur les rejets dans les eaux du Richelieu, sur la faune et la flore et même sur l’utilisation de produits liés au nucléaire, demeurent au cœur des questionnements tout comme l’absence d’un BAPE pour que soient évalués tous les impacts de la construction de l’usine.

L’équipe des fonctionnaires a cependant apporté de nombreuses précisions comme par exemple que 100 des quelque 175 hectares du terrain sur lequel l’usine sera construite seront conservés et préservés. Oui, des arbres sont et seront coupés, mais il y en aura encore plus de replantés. Des bandes de protection seront aménagées pour préserver des habitats fauniques. De nouveaux habitats pour les chauves-souris sont aussi au menu. Idem pour les tortues qui habitent le territoire et même les petits hérons. Tout le processus de construction, d’aménagement et de conservation des habitats fera l’objet d’une surveillance constante et sera visé par l’application de normes environnementales strictes et bien connues.

Le prix de la tortue
Un citoyen de Saint-Basile s’est aussi présenté au micro pour appuyer le projet Northvolt, car il est persuadé de la valeur ajoutée d’une telle usine. «Si on ne fait pas Northvolt, qu’est-ce que l’on va créer à la place pour créer une telle richesse et autant d’emploi? Il faut faire entrer des sous au Québec parce que dans 10 ans, 20 ans qui va payer pour nos services de santé, pour nos CHSLD? Je suis pour la nature et j’aime les animaux, mais à un certain moment il faut aussi se demander ça coute combien par tortue si on empêche un tel projet?»

À noter que pour l’heure et malgré les soirées d’information, Northvolt poursuit l’abattage des arbres et le nettoyage du terrain qui, faut-il le rappeler, a été le site de production d’engrais et d’explosifs par l’entreprise CIL, de 1879 à 1999.

Malgré la contamination du terrain, de nombreux extrémistes s’opposent toujours à sa conversion et quelques gestes de vandalisme ont été commis depuis un mois, notamment par la pose de clous ou de pièces de métal dans les arbres ou l’installation de tapis cloutés sur le passage de véhicules.

BdeV
Plus d’une centaine de citoyens de Saint-Basile-Le-Grand et de l’extérieur ont assisté à la soirée d’information présentée par les représentants de trois ministères québécois.À