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Un avenir incertain pour la filière batterie en Montérégie

Mercredi 12 mars 2025 14:11 Édouard Desroches
L'usine de Northvolt à Skellefteå [Photo : Northvolt]

C'est officiel, Northvolt a déclaré faillite en Suède, et bien que sa division nord-américaine tient toujours debout, le futur de son projet d'usine en Montérégie est incertain.

Tout d'abord, les travaux sur le chantier de la future usine de batteries situé à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand ont été interrompus. Les seuls travaux en lien avec le projet qui sont maintenus sont ceux de l'aménagement du chemin temporaire entre la route 116 est et le chantier, qui sont gérés par la Ville de Saint-Basile-le-Grand. L'accès temporaire donnera aux camions un accès direct entre la 116 et le chantier, afin de réduire la congestion liée aux travaux sur la rue Bernard-Pilon à Beloeil et la route 223 à McMasterville. 

En proie à des difficultés financières depuis un certain temps, l'entreprise s'était mise à l'abri de ses créanciers aux États-Unis en novembre dernier, et avait aboli un grand nombre d'emplois en Suède. Plusieurs facteurs auraient mené à sa décision, annoncée officiellement mercredi matin, notamment l'instabilité géopolitique, les changements du marché et les perturbations de sa chaîne d'approvisionnement. 

Un sacrifice environnemental gaspillé ?

Bien que le site où Northvolt érige ses installations est une zone industrielle, dont une bonne partie des sols est contaminée, en raison des industries qui occupaient les lieux il y a environ 30 ans, une grande biodiversité y réside. Plusieurs espèces de rongeurs, d'oiseaux et d'amphibiens y vivent, ainsi que des tortues, et en périphérie du site, se trouvent des poissons rares, tels que le chevalier cuivré, un poisson qui n'existe que dans quelques cours d'eau du Québec, notamment la rivière Richelieu. Selon des informations du quotidien Le Devoir, 13 espèces fauniques présentes sur le site figurent parmi la liste d'espèces menacées du gouvernement fédéral.

Sanctionnée deux fois par le gouvernement du Québec pour avoir coupé plus d'arbre qu'il ne lui était autorisé, Northvolt prévoyait couper, à termes, environ 9500 arbres, morts et vivants, soit près de la moitié des arbres présents sur le site, en plus de détruire une partie des milieux humides qui s'y trouvent.

Bien que l'entreprise européenne ait promis de planter 24 000 arbres pour compenser les pertes environnementales générées par son usine, le mouvement d'opposition citoyenne reste convaincu que le projet ne justifiait pas une aussi grande destruction d'habitats, et encore moins maintenant que l'avenir de la filière batterie en Montérégie est en péril. Selon Jacinthe Villeneuve, co-fondatrice et porte-parole du Comité Action Citoyenne (CAC) - Projet Northvolt, les dégâts écologiques anticipés par une usine de batteries comme celle de Norhtvolt dépassent largement les bénéfices économiques qu'elle pourrait apporter au Québec. Selon l'organisation citoyenne, les usines de batteries au lithium ont déjà causé des incendies ailleurs dans le monde, et elles présentent un grand risque pour la région.

« On espère que Northvolt va respecter ses engagements », lance Mme Villeneuve, qui craint que le souci de l'environnement dégringole au bas des priorités de l'entreprise, qui se bat présentement pour sa survie, et que la responsabilité de reconstruire l'environnement perdu retombe sur les épaules du gouvernement et des citoyens. La citoyenne de McMasterville n'est pas optimiste quant au futur de la compagnie. Selon elle, une enquête du BAPE aurait permis au gouvernement d'éviter de se lancer dans ce projet, qui est aujourd'hui risqué, et d'y investir 270 M$.

Les autorités réagissent

Alors que le Comité propose de faire du terrain un immense parc si le projet d'usine ne voit jamais le jour, rappelons que c'est un syndic de faillite qui détient l'avenir du reste de Northvolt entre ses mains. En déclaration sur X, Christine Fréchette, la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie s'est dite déçue de la situation.

« La société mère est désormais entre les mains d’un contrôleur avec qui nous nous mettrons en lien rapidement. Notre souhait est que le contrôleur se mette à la recherche d’un acheteur qui investira pour reprendre l’ensemble des activités en Amérique du Nord pour relancer le projet. Bien que les 270 M$ investi dans la maison mère aient perdu leur valeur, le prêt de 240 M$ est garanti par nos sûretés sur le terrain et les actifs de la filiale Northvolt Amérique du Nord. Nous évaluons nos options et nous exercerons nos droits s’il advenait une liquidation des actifs au Québec », a-t-elle déclaré. 

Au niveau plus local, la Ville de McMasterville a également pris acte de la situation. Par voie de communiqué la municipalité a indiqué qu'elle « voyait dans ce projet un grand potentiel de développement économique, de création d’emplois et une contribution importante à la décarbonation des transports », et qu'elle suivrait l’évolution de la situation et les impacts potentiels sur le projet local, tout en informant ses citoyens que le projet n'a aucune incidence sur son budget. McMasterville et Northvolt n'ont pas voulu répondre aux questions de TVRS.

Si l'usine ne voit jamais le jour, c'est un potentiel de création d'emplois qui sera perdu, selon Yves Lessard, maire de Saint-Basile-le-Grand, qui croit que la nouvelle vient fragiliser l'économie régionale, mais qu'il y a toujours espoir que le projet persiste malgré les nombreuses embûches sur son chemin.

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