Les femmes locataires de Longueuil dénoncent le manque de logements
Samedi 17 octobre, lors de la journée internationale de lutte contre la pauvreté, des femmes locataires ont déménagé à l’hôtel de ville de Longueuil, déposant valises et boîtes, pour dénoncer le manque de logements adéquats sur le territoire.
Un geste symbolique posé par le Comité d’Actions Féministes de l’agglomération de Longueuil (CAFAL) qui souhaite interpeller directement la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, pour qu’elle prenne position en faveur du logement social.
Les femmes locataires semblent vivre plusieurs situations d’injustice, selon ce qu’explique Marie-Ève Bouchard du CAFAL : « Les femmes locataires ont souvent besoin d’un logement avec plusieurs chambres à coucher pour loger leur famille, ce qui est une denrée rare. Lorsqu’elles en trouvent un, elles y restent malgré les problèmes rencontrés, tels que l’insalubrité, des relations toxiques et des montants de loyer trop élevés. »
Par ce déménagement symbolique, le CAFAL tente de montrer la détresse de ces femmes, dont certaines attendent depuis plus de dix ans pour avoir accès à un logement social.
« Ce qu’on souhaite, c’est que notre ville, notre mairesse, s’impose pour offrir davantage de logements sociaux », soutient Sophie Tétrault-Martel, membre du CAFAL.
Bien que des ententes se soient concrétisées entre les gouvernements fédéral et provincial en matière de logements, le CAFAL pense que « le municipal doit se faire entendre ».
Rappelons que le taux d’inoccupation à Longueuil est de 1,5 %, ce qui est faible considérant le fait qu’il faut un taux d’au moins 3 % pour que l’offre et la demande soient équitables.
Selon les deux femmes, il n’existe que très peu d’alternatives lorsqu’on est en attente d’obtenir un logement social. En fait, cette attente engendre de nombreux effets néfastes sur la qualité de vie de ces citoyens : « Cela crée de l’endettement, du stress, de la fatigue chronique en raison du cumulatif de plusieurs emplois. »
Les stratégies possibles, mais « non sécuritaires pour la santé physique et mentale », sont la colocation, qui n’est pas choisie, de quitter son réseau en s’installant dans une autre ville, de rester dans des conditions d’insalubrité.
« Ce sont des personnes laissées à elles-mêmes, une véritable survie », confie Marie-Ève.
Des pistes de solutions
Ces deux femmes ont d’ailleurs plusieurs idées pour pallier le manque de logements sociaux et abordables sur le territoire. D’une part, elles proposent que la Ville de Longueuil réserve des terrains qui lui appartiennent au logement social.
« La Ville pourrait aussi instaurer une obligation de construction de logement social dans tous les nouveaux développements résidentiels du territoire, avec un pourcentage par exemple », soutiennent-elles.
De plus, certains bâtiments sont laissés à l’abandon, « en les rénovant et les consacrant au logement social, cela permettrait d'accueillir plusieurs familles en attente ».
D’autres moyens, tels que la construction de tours à logements, la création de plusieurs organismes à but non lucratif en habitations, la mise en place de parcs de logements d’organismes solidaires ou l’implantation de coopératives par des locataires, sont suggérés par ces femmes. Sophie rappelle toutefois : « Ce sont des initiatives de la communauté, et les ressources sont moindres. Si la Ville participe, il y a un parapluie de solutions en matière de logement social. »
« Dans l’immédiat, il faut lever le drapeau. Il faut que la Ville arrête de se cacher derrière les autres paliers de gouvernement, qu’elle prenne ses responsabilités et qu’elle fasse des démarches auprès de la ministre de l’Habitation », martèle Marie-Ève.
La mairesse de Longueuil répond
« On continue d’être proactif dans ce dossier, et on sait que les besoins sont criants. Nous sommes partant pour offrir un plus grand nombre de logements sociaux sur le territoire », soutient Sylvie Parent, la mairesse de Longueuil.
Elle explique que le financement pour les logements sociaux prévu par l’entente entre Ottawa et Québec n’est pas encore connu, bien que la Ville « soit en train d’élaborer cette nouvelle » en attendant les sommes qui lui seront attribuées.
Finalement, la mairesse assure que « des projets concrets arriveront dans les prochains mois ». Au programme, de nouvelles unités d’habitation, 10 % de logements abordables et 10 % de logements avec trois chambres et plus dans le projet MACH du pôle Roland-Therrien, ainsi que l’offre d’un terrain municipal à moindre coût pour la construction d’une coopérative d’habitation.