Les impacts de la pandémie sur le métier de policier
Après un an de pandémie, l’agent Serge Ricard du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) raconte les impacts de la crise sur sa façon de travailler.
En raison d’un arrêt de travail au début de l’année 2020, l’agent Serge Ricard n’a pas vécu la première vague comme policier, mais comme simple citoyen. « J’étais comme tout le monde, en plein dans la folie des files interminables à l’épicerie et du grand confinement, raconte-t-il. En pleine réadaptation après une chirurgie à la hanche, je me suis occupé de mes parents. »
Ce n’est qu’en août 2020, juste avant le déclenchement de la deuxième vague de contaminations de COVID-19 que l’agent Serge Ricard est revenu sur le terrain. Déjà à ce moment-là, il dit avoir remarqué un essoufflement chez ses collègues policiers.
« Ce n’est pas facile d’imposer de nouvelles règles aux citoyens, confie-t-il. Surtout les récalcitrants, c’est très difficile. »
La pandémie a ajouté son lot sur les interventions régulières. Depuis l’arrivée de la crise sanitaire et l’application de nouvelles mesures par la Santé publique et la Sécurité publique, des interventions « COVID » sont désormais identifiées dans le tableau de bord des patrouilleurs.
« Rarement on intervenait dans des restaurants ou dans des commerces pour faire respecter des règles de santé publique. La pandémie ajoute des interventions qu’on n’avait pas à faire avant et des endroits où on n’allait pas, pour des raisons différentes. »
De plus, toutes les interventions des policiers sont désormais ralenties par les mesures sanitaires à observer, comme les équipements de protection individuelle, la distanciation sociale, la désinfection, etc.
« Par exemple, quand on doit prêter main-forte aux ambulanciers lors d’incident de malaise cardiaque, avant on entrait avec les gants et le masque pour intervenir auprès du patient, tandis que maintenant on doit mettre la visière, les équipements de protection, faire de l’espace, ce qui ralentit la vitesse d’intervention. Ça a également un impact sur nos comportements, ça gruge de l’énergie. »
Pour éviter la propagation du virus entre les policiers, les horaires de travail ont été modifiés. Les quarts de 12 heures sont plus fréquents qu’avant la crise. « Tous les services d’urgence ont eu à vivre des modifications dans les horaires de travail, dans les façons de faire », rappelle Serge Ricard.
Contacts humains
Pour l’agent Ricard, l’impact le plus important de la pandémie sur son métier a été sur le contact humain. « La plus grande difficulté, c’est dans les contacts avec les gens, avec les jeunes, qui ne sont plus les mêmes. »
Une perte de contact occasionnée notamment par le port du masque et la distanciation sociale.
« C’est difficile de susciter une réaction en souriant, le visage complet est caché. Les interventions sont plus compliquées auprès des jeunes et des populations vulnérables, surtout pour la compréhension. On ne peut plus faire de sourire pour créer un lien de confiance au premier abord, et ça, c’est difficile. »
Malgré tout, l’agent Serge Ricard continue du mieux qu’il peut à avoir une approche la plus humaine possible. Pour lui, le contact humain est indispensable dans le métier de policier, une vertu qu’il faut préserver à tout prix.