Plus de 20 000 personnes contres l’abattage des cerfs de Virginie au parc Michel-Chartrand
La Ville de Longueuil procédera prochainement à une opération de contrôle de la population du cerf de Virginie au parc Michel-Chartrand qui vise la capture et l’euthanasie d’une quinzaine de bêtes. À la suite de cette annonce, plus de 20 000 personnes ont signé une pétition pour que la Ville renonce à cette méthode au profit d’une autre plus « humaine ».
La pétition vient d’une citoyenne de Longueuil, Geneviève Soza-Florent. Cette dernière pense que « les possibilités de relocalisation des cerfs n’ont pas été étudiées comme il le faut » et demande à la Ville de Longueuil et au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, qui rappelons-le, appuie cette opération, de « revenir sur cette décision inhumaine, sur le principe que tout être vivant a le droit à la vie ».
Mme Soza-Florent souhaite que des experts environnementalistes et en droits animaliers se joignent à elle et aux citoyens opposants pour démontrer que cette solution n’est pas « viable à long terme et que ces animaux ne seront que des victimes de mauvaise gestion ».
Considérant la popularité de la pétition, la jeune femme organise une manifestation, qui aura lieu ce samedi à 14 h, pour réclamer à la Ville de Longueuil de lancer une démarche de consultation publique sur le sujet. Selon elle, les administrateurs « ont pris une décision sans connaître l’avis de la population, qui est visiblement contre ».
Les intéressés sont invités à se présenter dans les stationnements Adoncour et Curé Poirier, aux abords du pavillon principal du parc Michel-Chartrand. Bien entendu, toutes les règles sanitaires devront être respectées, notamment le port du masque et la distanciation sociale.
Geneviève Soza-Florent pense que cette situation est « une remise en question sur les politiques de la Ville de Longueuil concernant les espaces verts ». En effet, l’urbanisation massive autour du parc Michel-Chartrand a coupé le chemin migratoire des cerfs, qui se retrouvent isolés en pleine ville.
« Comment pouvons-nous être fiers d’un endroit surnommé le Parcours du Cerf si nous ne pouvons par leur donner le respect qu’ils méritent (les cerfs)? », se questionne la Longueuilloise.
Une opposition partagée par la députée de Marie-Victorin, Catherine Fournier, qui soutient que la solution prise par la Ville de Longueuil est « tristement le résultat de notre manque de vision dans la protection de nos écosystèmes ».
Dans la même optique que Geneviève Soza-Florent, Catherine Fournier rappelle que l’urbanisation a chassé les prédateurs naturels des grandes villes et de leurs périphéries, ce qui a « brisé la chaîne alimentaire ». Elle dénonce l’inaction quant à la prévention de la « reproduction incontrôlée de ces animaux » qui se retrouvent trop nombreux pour la capacité du parc Michel-Chartrand et qui engendrent la détérioration de ce milieu naturel.
Pour éviter un autre épisode d’abattage à l’avenir et pour une solution à long terme, la députée propose la réintroduction contrôlée du prédateur principal du cerf de Virginie, le coyote. « Privilégions le cycle naturel de la vie, dans un environnement conforme à ce qu’il devrait être », déclare Catherine Fournier.
Voulant rassurer la population, la députée soutient que « les êtres humains n’ont rien à craindre de cet animal ». De plus, le cabinet de Catherine Fournier prend la Ville de Laval comme exemple en considérant la densité de population qui est semblable à celle de Longueuil. En effet, des coyotes sont présents sur le territoire lavallois qui ne présente pas de surpopulation de cerfs de Virginie et qui ne rapporte aucun incident perpétué par la présence de coyote.
Cependant, de nombreux citoyens démontrent des inquiétudes envers cette méthode. Certains redoutent des coûts de gestion trop importants, d’autres craignent pour la sécurité de leurs animaux de compagnie et d’autres appréhendent la diminution significative de la population du cerf de Virginie au détriment de l’augmentation de celle du coyote.
De plus, cette idée tend tout de même à éliminer les cerfs de trop du parc Michel-Chartrand, ce qui va à l’encontre de la pétition citoyenne qui prône le droit à la vie de tout être vivant.
Une citoyenne soulève une autre solution : la stérilisation. Pour le cabinet de Catherine Fournier, « toutes les propositions devraient être envisagées ».
Menaces envers la mairesse de Longueuil
Cette situation prend une ampleur particulière, la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent aurait reçu des menaces « assez graves » concernant cette décision, selon le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL). Une enquête est en cours.
En réaction à ces gestes, l’opposition officielle de la Ville de Longueuil se dit « choqués » et dénonce « sans réserve ces menaces ».
« Qu’on soit pour ou contre l’abattage des cerfs de Virginie, les menaces à l’intégrité physique d’une personne n’ont pas leur place dans nos sociétés démocratiques. Comme élu, mais également comme citoyen, on doit élever la conversation publique au niveau des idées », a déclaré le chef de l’opposition, Xavier Léger.
Les citoyens qui ont des questions sont invités à communiquer avec le 311 et à soumettre une question au prochain conseil de Ville qui se tiendra le 17 novembre.
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