Port de Contrecoeur : mobilisation de citoyens inquiets des impacts du projet
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Photo : Porte de Montréal |
Près d'une centaine de citoyens et d'organismes se sont mobilisés lors du Jour de la Terre afin de discuter des impacts qu'aura la venue de l'extention portuaire à Contrecoeur.
Ce méga-projet industriel, dont la construction débutera cet automne, devrait engendrer de bonnes retombées économiques pour la Ville de Contrecoeur, qui prévoit un fort développement commercial aux alentours du site, mais il inquiète de nombreux citoyens qui ont l'environnement à coeur. Les citoyens qui résident le long du Saint-Laurent à Contrecoeur, mais aussi à Varennes et Verchères connaissent bien les impacts de la circulation maritime dans le fleuve sur les berges, qui les gruge petit à petit année après année.
Faute d'un manque d'entretien des ouvrages de protection mis en place par le gouvernement dans les années 60 et du passage des navires dans le fleuve, le phénomène de l'érosion est un véritable enjeu dans le secteur, et des résidents craignent que le port de Contrecoeur ne fasse qu'aggraver la situation.
Organisé par la Vigie citoyenne Port de Contrecoeur, le rassemblement a attiré des organismes tels que le Comité pour la protection des berges du Saint-Laurent, Le MARE (Mouvement d’action régional en environnement), et TROVEP Montérégie (Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire). Cette conférence était le premier événement de ce genre organisé par la Vigie, qui souhaite récolter le plus d'avis de scientifiques et d'experts en environnement, afin de renforcer son argumentaire. Sa demande : arrêter complètement le projet d'extension portuaire.
Plusieurs aspects motivent l'opposition à ce projet, soit principalement son impact sur l'environnement. Le dragage nécessaire à la construction du port pourrait avoir des impacts dévastateurs sur le lit du fleuve selon la Vigie, qui se soucie également du bien-être des espèces animales telles que le chevalier cuivré, un poisson rare qui habite le fleuve, et l'hirondelle de rivage, qui verra les arbres où elle niche remplacé par des arbres plus petits ou des murs de bétons troués. Les mesures de compensation environnementales de l'Autorité portuaire ne plaisent donc pas à ces citoyens, qui se soucient également de leur qualité de vie dans les prochaines années. La pollution lumineuse engendrée par le port, le trafic du va-et-vient des camions sur l'autoroute 30 et des trains sur le chemin de fer du CN, en plus de la pression additionnelle des 8000 travailleurs qui travailleront sur le chantier, apporteront certainement des changements dans le quotidien de la ville de 10 000 habitants.
Renée Larouche, directrice des communications de l'Administration portuaire de Montréal (APM), indique que depuis quelques années déjà, le port de Montréal tient des séances d'information et des consultations publiques afin de préparer la population locale aux changements. En ce qui a trait à l'environnement, elle précise que le Port de Montréal travaille en collaboration étroite avec le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et Pêches et Océans Canada dans l'élaboration et la mise en place des mesures de compensation, et que celles-ci peuvent être ajustées si nécessaire.
Si la Vigie citoyenne estime que la construction du port, qui modifiera le territoire de Contrecoeur, n'est pas viable à long terme, l'APM affirme le contraire. Alors que la vigie explique que le commerce maritime est de moins en moins viable en raison des changements climatiques et du contexte géopolitique, l'APM croit que la diversification de notre économie, de plus en plus nécessaire en raison des relations du Canada avec les États-Unis, demandera plus d'échanges commerciaux avec l'Europe et l'Asie. L'extension portuaire à Contrecoeur devrait permettre au port de Montréal de soutenir une augmentation de ses activités, en plus d'être situé à un endroit stratégique, soit au confluent d'un réseau ferroviaire et routier.