Saint-Basile-le-Grand : l'aménagement du nouveau centre culturel ne plaît pas à tout le monde
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L'ancien bar Le Huard à Saint-Basile-le-Grand [Photo : Les Versants] |
La Ville de Saint-Basile-le-Grand a octroyé un contrat pour la construction de son nouveau centre culturel dans l'ancien bar Le Huard, au déplaisir de certains conseillers municipaux, qui n'approuvent pas le projet.
Saint-Basile avait acquis l'ancien bar en 2021 pour la somme de 800 000 $, dans le but de le transformer en salle de spectacle. En janvier dernier, elle a lancé un appel d'offres public sur le portail Constructo pour la rénovation et l’aménagement de ce nouveau centre, et c'est lundi soir, lors de la séance du conseil municipal, qu'elle a octroyé le contrat du projet au plus bas soumissionnaire, soit l'entreprise An-Au Construction inc., qui prévoit des coûts de 1 944 746,58 $.
Cela dit, l'adoption de la motion ne s'est pas faite sans opposition au sein du conseil. En effet, les conseillers municipaux Olivier Cameron-Chevrier et Laurie-Line Lallemand-Raymond ont tous deux voté contre le projet. Pour expliquer sa position, M. Cameron-Chevrier, représentant du district 6, a énuméré de nombreuses raisons qui, selon lui, expliquent l'impertinence de construire un centre culturel dans l'ancien bar. « Là on a 1,9 M$, on a déjà payé 800 000 $ pour cette bâtisse, plus des milliers de dollars sur d'autres travaux pour qu'il soit utilisable temporairement avant qu'on commence ces travaux permanents-là, alors on approche de 3 M$ pour ce projet-là, plus les coûts d'entretien qui vont s'en venir dans le futur, parce que ça va pas se rouler tout seul une maison de la culture », a-t-il lancé. Outre les coûts du bâtiment en tant que tel, le conseiller indique que l'incertitude concernant Northvolt et la possible perte d'une source de revenu municipal, la portée grandissante de certains projets prévus au PTI, tels que la rénovation d'une station de pompage, la baisse d'argent des subventions gouvernementales telles que le PRIMO, et le grand besoin de faire du rattrapage dans les travaux d'infrastructures municipales, affectent les capacités financières de la Ville de mener un projet de la sorte.
De plus, il croit que la taille du futur centre, qui pourra accueillir 80 personnes, est insuffisante, et qu'elle ne saura pas faire compétition aux centres culturels des villes avoisinantes telles que Beloeil et Otterburn Park. En lien avec les objectifs de densification du noyau villageois de la Ville, il incomberait plutôt d'en faire un espace commun pour quelques commerces, et d'y ajouter un étage pour bâtir des logements sociaux, selon lui. Mme Lallemand-Raymond a appuyé la position de son collègue, en ajoutant au sujet de l'emplacement et de la taille du site, qu'il ne s'accorde pas avec une vision à long terme du développement de la Ville, qui comporte déjà 17 500 citoyens. L'argent prévu au projet devrait selon elle être utilisé pour la réfection de rues, de parcs et de bâtiments municipaux.
En réponse aux points soulevés par les deux opposants, le conseiller Martin Leprohon croit plutôt que dans une vision de développement du noyau villageois, l'emplacement du centre culturel au 200 rue Principale sera parfait pour attirer davantage de citoyens. Son collègue Denis Vézina, qui habite le secteur, a quant à lui abordé le besoin criant pour la Ville de se munir de nouveaux lieux de rencontre publics pour ses citoyens.
« On manque dangereusement de salles à Saint-Basile pour se rencontrer et faire des assemblées générales. Que ce soit pour la Société d'histoire, la semaine passée la maison de jeunes, la semaine d'avant et cette semaine encore, les jardins communautaires [...] Une salle de 80 personnes pour ce type de rencontres-là, c'est excellent », a expliqué M. Vézina en séance de conseil. « La Maison de la Culture, c'est pas juste une place pour faire des expositions, c'est une place pour recevoir les gens quand il pleut, pour les gens qui ont des funérailles de l'autre bord de la rue et qui peuvent se rencontrer dans la salle après pour recevoir leurs proches [...] C'est une place où on rassemble les gens pour qu'on puisse passer du temps ensemble puis se rendre compte qu'on fait partie d'une communauté », a-t-il ajouté.
Selon lui, les chiffres peuvent paraître inquiétants, mais les montants valent la peine d'être dépensés pour la valeur communautaire du projet.