La Fabrique Trinité-Richelieu compte vendre l'église dans les prochaines semaines, après que le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation ait refusé d'octroyer un financement à la Ville de Beloeil pour lui permettre d'effectuer des rénovations d'urgence sur la structure du bâtiment.

Les raisons du refus n'ont pas été divulguées à la Ville. « Je peux présumer que comme dans beaucoup d'autres enveloppes gouvernementales, il y a eu plus de demandes que d'argent disponible[...] On voit ça passer presque de façon courante dans les enveloppes gouvernementales, les villes sont très motivées à déposer des demandes de subventions », déclare la mairesse de Beloeil, Nadine Viau.

La Ville avait fait sa demande auprès du ministère en décembre 2023, dans le cadre du Programme d’amélioration et de construction d’infrastructures municipales. Elle avait également inscrit les dépenses prévues par cette subvention dans son Programme triennal d'immobilisation (PTI) 2024-2026.

Des travaux coûteux, et de plus en plus urgents

Une firme d'architecture spécialisée qui avait effectué un audit de l'état du bâtiment, estimait le coût total des réparations à 1,4M de dollars. Des travaux d'urgence pour assurer « la sécurité et la durabilité de l’édifice » coûteraient environ 800 000$ (le montant que la Ville a inscrit dans son PTI), et des travaux supplémentaires, échelonnés sur une période allant jusqu'à dix ans, s'élèveraient à environ 640 000$.

Beloeil demandait au gouvernement de couvrir 60% des coûts des réparations. 

Il est question concrètement d'effectuer des travaux d'étanchéisation des fondations du transept droit et de maçonnerie de la façade avant, de faire le démantèlement complet de la cheminée et de la reconstruire, de remplacer les patins de bois des cloches et de réparer leur support, et pour finir, d'effectuer le remplacement d’un panneau électrique, de filage, de prises et de commutateurs.

Selon Mme Viau, les travaux étaient déjà considérés urgents il y a quelques années, donc à chaque année que le dossier prend du retard, l'état de l'église s'aggrave.

Une situation cul-de-sac

Ces travaux sont indispensables pour assurer l'intégrité du bâtiment, indique la Ville. Celle-ci souhaite rappeler à la Fabrique Trinité-Richelieu ses obligations légales concernant l'entretien et la sauvegarde du bâtiment, tout en lui accordant son soutien.

« On ne veut pas brusquer les propriétaires, et on comprend la situation. C'est un groupe qui a moins de bénévoles d'année en année, qui a mis beaucoup d'énergie dans les dernières années, et qui aujourd'hui, n'a pas autant d'énergie présente pour être capable de faire un ultime combat pour préserver le bâtiment », déclare la mairesse, qui rajoute  « qu'on voit les difficultés pour les fabriques à travers le Québec de maintenir des actifs immobiliers ».

La Fabrique Trinité-Richelieu, qui ne peut plus supporter l'ensemble de ses bâtiments, a donc décidé de vendre l'église. Si elle réussit à la vendre, ses responsabilités seront transférées aux nouveaux propriétaires. Peu importe à quelle entité appartiendra le bâtiment, la Ville promet de l'accompagner dans les démarches de réparations.

Cela dit, l’absence d’actions concrètes pourrait mener à un avis de détérioration déposé au registre foncier, ce qui veut dire que la Ville pourrait obliger les propriétaires de l'église à effectuer les travaux d'urgence de base. Dans une situation où les propriétaires n'auraient pas les moyens financiers de mener une telle opération, la Ville pourrait prendre le relais, et ensuite leur facturer les travaux à travers l'hypothèque légale ainsi que d'autres méthodes. 

Pour éviter un tel scénario, Beloeil compte s'assurer que les éventuels acheteurs de l'église Saint-Matthieu connaîtront la situation du bâtiment ainsi que les obligations qui s'attachent à sa possession.

Une vocation communautaire assurée

Bien que plusieurs questions se posent au niveau des travaux de l'église et de ses futurs propriétaires, une chose est sûre, « au niveau de l'usage permis dans ce secteur-là, ce n'est pas possible de construire du résidentiel » tranche la mairesse. 

Le joyaux culturel et patrimonial de la municipalité ne sera donc pas rasé par un promoteur immobilier pour construire un immeuble à condos, ce qui devrait soulager plusieurs citoyens. Selon la réglementation en place, « c'est vraiment à usage communautaire seulement que l'espace est dédié [...] Donc si on se projette dans le futur, on voit plus des projets d'économie sociale ou d'organismes communautaires qui pourraient bénéficier de l'espace, mais encore faut-il répondre aux besoins urgents des travaux du bâtiment. Et ça c'est un nœud sur tous les projets d'avenir qui pourraient être considérés à cet endroit-là, donc il faut trouver absolument une solution », souligne Mme Viau. 

Beloeil toujours engagée à la préservation du bâtiment

Des sommes ont été mises de côté par la municipalité pour effectuer les travaux d'urgence. Leur utilisation était conditionnelle à ce que la Ville reçoive une réponse positive du gouvernement concernant sa demande de subvention. Pour le moment, le conseil municipal ne les a pas attribuées à un autre projet souligne la mairesse.

Celle-ci évoque l'idée de lancer une campagne de financement, qui pourrait débloquer les fonds de la Ville réservés aux travaux d'urgence de l'église.