Un projet de recherche pour prévenir et réduire la maltraitance des locataires aînés
Les membres du Comité droits des aînés en résidences privées de l’agglomération de Longueuil ont lancé cette semaine le projet de recherche-action « Comprendre les situations des locataires âgés vivant des difficultés avec les propriétaires ou les employés de leur résidence privée pour aînés : Perspectives des locataires âgés et de leurs proches ».
Ce projet, élaboré en collaboration avec l’équipe du domaine d’expertise pour contrer la maltraitance du Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS) du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, vise à prévenir et réduire la maltraitance des locataires aînés qui demeurent dans des résidences privées pour aînés (RPA) de l’agglomération de Longueuil. Une problématique qui touche autant les locataires que les proches aidants.
La première étape est de recruter des personnes qui sont prêtes à témoigner de leurs difficultés rencontrées dans leur résidence, que ce soit avec le propriétaire ou des employés.
« L’objectif d’obtenir ces témoignages et de développer une réponse adéquate, car il y a très peu d’étude sur la maltraitance dans les RPA, souligne la chercheuse Mélanie Couture. On veut savoir comment ça se présente, spécifiquement dans les résidences pour aînés. On veut mieux comprendre et définir cette problématique à partir des témoignages. »
Selon Noëlline Lagacé des Habitations Paul-Pratt, plusieurs formes de maltraitance existent envers les aînés qui vivent dans des résidences privées et communautaires.
En effet, les problèmes identifiés concernent des baux contenants des clauses illégales, ou encore le non-respect des clauses qui figurent dans un bail. C’est aussi des coûts exorbitants et des processus de facturation opaques, ainsi que des rénovictions.
« La maltraitance des locataires aînés va au-delà de la violation des droits et de l’obtention frauduleuse de fonds, mentionne Noëlline Lagacé. Elle s’exprime également par la maltraitance psychologique et l’âgisme. Les locataires âgés sont souvent stigmatisés et exclus de la vie sociale de la résidence. Un autre problème, c’est que ce sont des personnes qui s’opposent et se plaignent rarement, notamment en raison de la lourdeur et la complexité des démarches, ainsi que le manque d’information sur leurs droits. »
Ainsi, le projet de recherche-action va permettre de développer des politiques et des outils de soutien, de formation et de sensibilisation pour les acteurs du réseau communautaire, de la santé et du domaine financier, dans le but que les résidences respectent les lois et la dignité de leurs locataires.
« La maltraitance organisationnelle rencontrée par les locataires âgées en résidence contribue à la pauvreté en affectant les ressources financières qui servent aux besoins de la vie quotidienne et en amplifiant leur exclusion sociale, soulève Noëlline Lagacé. De plus, il ne faut pas oublier que trop souvent les familles doivent aider financièrement leurs parents âgés, ce qui limite leur propre capacité financière à long terme. »
Le projet sera élaboré en plusieurs étapes dont la première est la définition du problème, qui se réalisera par l’entremise des témoignages reçus. Plus précisément, les chercheurs ont besoin de 12 locataires aînés et de 12 proches aidants pour démarrer. Les candidats devront témoigner des difficultés rencontrées dans leur résidence, des démarches entreprises pour s’en sortir et des impacts sur leur vie.
La maltraitance en RPA pourra ensuite être décrite de la meilleure façon possible et des solutions prometteuses pourront être réfléchies.