Accident mortel pour un signaleur à Carignan: la planification des travaux et de la circulation étaient « déficientes » selon la CNESST
(Photo: CNESST) |
La Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) souligne une planification des travaux et une gestion de la signalisation « déficientes » qui auraient mené à l'accident mortel impliquant un signaleur à Carignan le 19 octobre dernier, à Carignan.
Selon la CNESST, trois causes expliquent ce qui a mené au décès de Marc Séguin dans le cadre de son travail. D'abord, la Commission explique que le signaleur se trouvait au centre de la voie de circulation, qui était fermée, ce qui implique qu'il était dans la trajectoire du véhicule qui l'a happé. Ensuite, la planification des travaux « est déficiente puisque l'absence d'un moyen de communication verbale entre le signaleur routier et les travailleurs du chantier L'obligent à se placer au centre » de la voie fermée pour effectuer son travail. Finalement, la CNESST estime que la gestion de la circulation était déficiente sur le chantier. « La méthode de contrôle de la circulation utilisée ne respectait pas les plans et devis spécifiques au chantier exposant ainsi le signaleur routier à un danger de happement », indique l'organisme dans son rapport.
En lien avec cet accident, la CNESST indique qu'elle transmettra au ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) diverses recommandations. « Elle lui recommandera d’intégrer au tome V les normes qui encadrent la signalisation routière pour travaux, l’obligation de ne plus utiliser de signaleur routier pour gérer la circulation, sauf exception mentionnée à la norme, sur les routes où la vitesse affichée sur le panneau à fond blanc est égale ou supérieure à 70 km/h. »
Une communication sera également envoyée aux surveillants de chantier pour rappeler l'importance de respecter les plans approuvés pour « s’assurer que les nouveaux plans requis à la suite d’une modification de configuration du chantier sont également déposés, approuvés et respectés. »
« De la négligence du côté de la Ville », dit l'ATSRQ
En réaction à cette situation, le président de l'Association des travailleurs en signalisation routière du Québec (ATSRQ), Jean-François Dionne, mentionne que son organisation « trouve vraiment qu’il y a eu de la négligence du côté de la Ville et du surveillant du chantier parce qu’ils n’ont pas respecté les consignes qui étaient prévues, soit d’utiliser une remorque du signaleur pour assurer la sécurité du travailleur. Il y a aussi un manque de communication entre le signaleur et les travailleurs parce qu’il n’y a pas de radio pour communiquer avec eux. Ce sont pas mal de choses qui se produisent chaque fois qu’il y a un accident. On trouve ça vraiment dommage. »
M. Dionne ajoute qu'une rencontre aura lieu entre les différents organismes représentant des travailleurs de l'industrie des transports, entretien auquel participeront également la CNESST et le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD). « Je vais déposer le rapport à cette rencontre et leur dire qu’il est temps d’agir. La journée ou une compagnie d’ingénierie va se faire poursuivre pour négligence, ils vont réagir. »
Rappel des faits
Le 19 octobre dernier, le signaleur Marc Séguin assurait la circulation sur un chantier de pavage se déroulant sur le chemin Sainte-Thérèse (route 223), à Carignan. Une seule voie sur les deux se trouvant à cet endroit était ouverte à ce moment.
Étant donné qu'une paveuse empiétait sur la voie de circulation ouverte en direction de Chambly, le signaleur et son collègue ont arrêté les véhicules chacun de leur côté jusqu'à ce que la paveuse ne soit plus dans la voie. Lorsque la route a été dégagée, les véhicules qui se dirigeaient vers Saint-Jean-sur-Richelieu ont eu l'autorisation de circuler. Les voitures qui attendaient avaient terminé de passer et M. Séguin a décrit à son collègue le dernier véhicule de sa file pour qu'il sache quand il pourrait faire passer les automobilistes se trouvant de son côté. Or, un autre véhicule- une voiture noire- s'est présenté en direction de Saint-Jean-sur-Richelieu et ne semblait pas vouloir s'arrêter. C'est ce véhicule qui a happé Marc Séguin. Les services d'urgence se sont déplacés pour le transporter en centre hospitalier, mais son décès y a été constaté.