Crise de l'itinérance: la Nuit des sans-abri de retour avec un nouveau thème de sensibilisation
La Nuit des sans-abri, qui a lieu le troisième vendredi du mois d'octobre à chaque année, a pour but de sensibiliser la population à la situation d'itinérance et de désaffilitation sociale au Québec. Autrefois appelée « la Nuit des jeunes sans-abri », elle avait été modifiée afin d'être inclusive et d'adresser la problématique de l'itinérance au grand complet.
Cela dit, à chaque année depuis 1989, les participants passent la nuit à l'extérieur en solidarité avec les personnes qui n'ont pas de domicile fixe. Cette année, ce sont 75 municipalités du Québec qui organiseront des activités de sensibilisation à l'itinérance.
Longueuil de plus en plus touchée par la crise
« Ça ne prend pas la tête à Papineau pour savoir que l'itinérance à Longueuil a beaucoup beaucoup augmenté », a indiqué Gilles Beauregard, coordonnateur à la Table Itinérance Rive-Sud (TIRS), en conférence de presse à la Bibliothèque Georges-Dor à Longueuil. Selon lui, les chiffres exacts de la population itinérante à Longueuil sont difficiles à obtenir, mais en janvier 2024, la Ville estimait qu'il y avait entre 200 et 1000 sans-abri sur son territoire. L'itinérance cyclique, dite itinérance invisible, vient compliquer les estimations, car elle est presque impossible à quantifier.
D'ailleurs, un des buts de cette édition de la Nuit des sans-abri est de mettre en lumière les situations d'itinérance qui, à première vue, peuvent passer inaperçues. Selon Catherine Blain, organisatrice communautaire à la TIRS, les situations d'itinérance vont plus loin que l'absence d'un toit. « Il y a des gens qui vivent sur le divan de leur cousin, et qui ne se disent pas en situation d'itinérance, parce que eux, ils ont un toit, mais dans la vie, si tu n'es pas capable d'avoir une stabilité résidentielle, on peut se dire que tu es en itinérance », dit-elle.
Des services qui débordent
Selon la TIRS, les services sont à capacité maximale dans la région, et vu la situation de crise de logement et de précarité qui pèse sur de nombreux ménages, plusieurs personnes ont accès à moins de stratégies d'alternatives à l'itinérance. Selon Mme Blain, c'est entre autres pour cette raison qu'on voit une augmentation de femmes et de jeunes dans les ressources pour itinérants.
Ce sont entre 20 et 30% des sans-abri de la région qui ne fréquentent pas ou qui fréquentent peu les ressources misent à leurs dispositions, selon M. Beauregard, qui ajoute qu'il y aurait environ une cinquantaine de sans-abri établis dans des tentes un peu partout sur le territoire de Longueuil. Le 30 septembre dernier, la Ville de Longueuil a d'ailleurs du démanteler un campement sur la rue Bourassa, suite aux tensions montantes entre les résidents du quartier et les itinérants qui y habitaient.
L'importance de la sensibilisation
Gilles Beauregard croit que la Nuit des sans-abri a un réel impact sur la situation: « Ça fait plusieurs années qu'on sensibilise la population au niveau des personnes itinérantes, alors les gens se rendent compte aussi [...] que l'itinérance touche beaucoup plus de monde: des frères, des soeurs, des mères des pères. Il y a de plus en plus de monde sensibilisé, si bien que quand on met des services en place, ça se fait de façon plus correcte. »
Alors que les températures baissent et que la saison la plus difficile pour l'itinérance, l'hiver, approche à grands pas, la Ville de Longueuil rappelle que des services spéciaux sont mis en place pour les sans-abri qui habitent le territoire. Carl Lévesque, conseiller municipal du District du Coteau-Rouge de la Ville de Longueuil, mentionne « qu'à chaque année, la Ville ouvre systématiquement une halte chaleur dans le coin du métro Longueuil » pour permettre aux itinérants de ne pas devoir dormir à l'extérieur en plein hiver.
La 26ème édition de la Nuit des sans-abri se déroulera donc au parc St. Mark, sur la rue St-Charles à Longueuil, où plusieurs activités auront lieu.