Dossier Northvolt : la décision du juge très attendue
Photo Northvolt |
L’audience concernant la demande d’injonction déposée la semaine dernière contre Northvolt a été repoussée pour la seconde fois, au grand désespoir des citoyens qui attendent impatiemment des réponses.
« Suivant la demande formulée par la Ville de Saint-Basile-le-Grand et après que les parties se soient entendues, l’audience est reportée au 24 janvier 2024 à 9 h. Par respect pour le processus judiciaire en cours, nous ne commenterons pas celui-ci avant que la cause n’ait été entendue. Entre-temps, les travaux sur le site demeurent suspendus », a indiqué l’entreprise par voie de communiqué.
Rappelons que les travaux de déboisement avaient été amorcés lundi dernier sur le site de l’usine à batteries, au grand étonnement des citoyens de Saint-Basile-le-Grand.
« Quand on a vu que le projet impliquait une destruction imminente de milieux humides, dont des espèces en situation précaire, on a tout de suite demandé l’arrêt des travaux », a expliqué Me Marc Bishai, l’avocat du Centre québécois du droit à l’environnement (CQDE).
Jeudi dernier, le centre a donc déposé une demande d’injonction devant la Cour supérieure du Québec au palais de justice de Montréal, accompagné par trois autres citoyennes. L’audience avait été déjà reportée par Northvolt une première fois vendredi dernier, avant d'être finalement remise à mercredi.
Course contre la montre
La suspension des travaux de Northvolt devrait prendre fin mercredi en début de soirée, sauf exception. Le CQDE entreprend donc une véritable course contre la montre afin de sauver les milieux humides de la municipalité.
« L’injonction provisoire aurait l’avantage de protéger dans l’immédiat les milieux sensibles. Il y aurait un certain délai avant les premiers travaux d’abattage d’arbres », a ajouté Me Bishai.
Selon le centre, c’est une impressionnante diversité d’oiseaux qui se trouve directement menacée, sans compter les nombreuses autres espèces présentes dans la biodiversité du site.
« Ce qui est dommage, c’est que Northvolt perpétue l’approche “Détruire maintenant, protéger plus tard”. Avec cette injonction, nous aurons au moins des délais raisonnables pour protéger les habitats », a déclaré l’avocat.
Une demande de transparence
Quant aux citoyens de Saint-Basile-le-Grand et de Beloeil, ils sont plus qu’impatients de connaître l’issue de ce débat juridique. Plusieurs se disent inquiets de ne jamais avoir été consultés par rapport à la présence de la méga-usine dans leur secteur.
« C’est une nouvelle technologie qu’on connaît très peu et qui nous a été imposée. Sans une étude du BAPE, c’est difficile de se faire une idée des répercussions que ça va avoir, non seulement sur la biodiversité, mais aussi sur la population », déplore Jacinthe Villeneuve, porte-parole du Comité Action Citoyenne (CAC).
D’ailleurs, elle affirme ne pas être contre le projet, accueillant même les bienfaits de la présence d’une telle entreprise au Québec.
« Ce qu’on dénonce, c’est que l’autorisation gouvernementale ne semble pas avoir été accordée dans les règles. On a l’impression que les règlements ont été contournés pour favoriser Northvolt », ajoute la militante.
À ce jour, les citoyens de Beloeil et de Saint-Basile-le-Grand n’ont toujours pas eu droit aux séances d’informations promises par le gouvernement en novembre dernier, selon Mme Villeneuve, ce qui renforce les préoccupations des résidents.
« C’est dommage de voir trop rapidement une polarisation sur des sujets qui sont nuancés et d’intérêt public. Il faut des réponses de fond aux questions plus que légitimes, que ce soit par rapport aux enjeux environnementaux ou aux enjeux sociaux. Pour y arriver, il faut à tout prix une étude de fond », a indiqué Me Marc Bishai.
La demande d’injonction sera débattue à la Cour supérieure du Québec au palais de justice de Montréal pendant une bonne partie de la journée de mercredi. Le jugement pourrait venir seulement plus tard cette semaine, prévient cependant l’avocat.