L’Office municipal d’habitation de Longueuil risque d’être mis sous tutelle
Un rapport confidentiel mené par le groupe SCE, Psychologie et ressources humaines, dénonce des carences importantes dans l’administration de l’Office municipal d’habitation de Longueuil (OMHL) qui gère près de 2 300 logements à prix modique et abordable pour des familles et des personnes à faible revenu.
« Sur la base des résultats obtenus dans le cadre de la présente démarche et de l’analyse réalisée, il est manifeste qu’un climat de travail négatif est présent à tous les paliers de l’organisation et que ce climat a une incidence directe sur le bon fonctionnement de l’organisation. Aussi, il ressort de cela avec évidence que le statu quo obligerait, à notre avis, la mise en place de mesures coercitives (tutelle) afin d’assurer le bon fonctionnement de l’organisme », conclut le rapport du Groupe SCE.
La Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) demande depuis septembre dernier au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) de mettre sous tutelle l’OMHL en raison d’une « détérioration marquée des services » de l’organisation, provoquée notamment par le départ d’au moins 30 % du personnel. C’est d’ailleurs la FLHLMQ qui a rendu public le rapport confidentiel du groupe SCE.
En effet, une vingtaine de cadres et d’employés qui invoquaient un « climat toxique de travail à la suite de la nomination d’une nouvelle direction générale en juillet 2019 » ont quitté l’Office. Plusieurs congédiements ont également été effectués dans la dernière année et demie, laissant certains postes vacants pendant de longues périodes.
La Fédération se disait « alarmée » de la situation par les locataires eux-mêmes qui constataient une « baisse drastique dans les services », notamment concernant l’entretien des immeubles, l’absence de communication avec l’Office et le nombre élevé de logements inoccupés. Certains se demandant même si l’organisation était « en déconstruction ou sur le bord de la faillite ».
La présidente du conseil d’administration de l’OMHL est la conseillère municipale Monique Bastien, qui est également vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Longueuil. La directrice générale est Danielle Lavigne, connue du monde de l’habitation municipale.
Des administrateurs de l’OMHL ont déposé trois plaintes en déontologie contre Mme Bastien et la directrice générale en octobre dernier concernant la privation d’informations nécessaires à la prise de décision en lien avec le contrat d’embauche et de probation de la nouvelle directrice générale, et leur exclusion des discussions de la nouvelle structure organisationnelle de l’OMHL.
À la lumière de ces problèmes de gouvernance, la Fédération recommande au MAHM d'instaurer un processus d’accompagnement du conseil d’administration de l’Office et de sa présidente ou la mise sous tutelle temporaire de l’institution.
L’opposition officielle de Longueuil « outrée »
En réaction au rapport du groupe SCE, Longueuil Citoyen se dit « outré » des révélations de l'enquête et de la responsabilité de sa collègue, Monique Bastien, dénonçant par la même occasion sa « minimisation de la gravité des faits ».
Le conseiller Michel Lanctôt demande à la mairesse Sylvie Parent d’intervenir rapidement, afin « d’éviter l’humiliation d’une mise sous tutelle par la ministre des Affaires municipales », rappelant que c’est sous son mandat que « l’Office, autrefois un exemple cité partout au Québec, est devenu une organisation dysfonctionnelle ».
Pour sa part, la mairesse soutient « ne pas vouloir commenter pour le moment ».
Sur Twitter, Sylvie Parent mentionne qu'elle aura aujourd'hui un entretien avec la ministre des Affaires municipales et de l'habitation, Andrée Laforest, pour discuter de la situation à l'OMHL. Elle dit vouloir aborder la question de la mise en tutelle.