Audits sur le transport collectif: la TPECS inquiète au sujet de la gouvernance
Photo: Exo |
La Table des préfets et élus de la Couronne-Sud (TPECS) s'inquiète des coupures de services dans le transport en commun qui pourraient résulter des audits du ministère des Transports et de la mobilité durable (MTMD) sur la performance des organismes publics de transport collectif.
Menés par la firme Raymond Chabot Grant Thornton, les audits avaient pour but d'analyser la performance financière des dix grandes sociétés de transport du Québec et de l'ARTM, afin de trouver des solutions pour augmenter leurs revenus autogénérés et diminuer leurs dépenses.
Plus d'économies pour moins de service ?
Les résultats des audits ont donc été dévoilés hier par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et les recommandations du rapport ont sonné l'alarme chez les municipalités de la Rive-Sud. Le rapport propose des solutions telles que des coupures pouvant mener à près de 350 millions d'économies dans le secteur ainsi que des changements dans les conventions collectives des employés des sociétés de transport.
Ce sont les compressions budgétaires qui sonnent l'alarme chez les municipalités de la Rive-Sud, qui craignent que la mesure puisse mener à une baisse de service. « On s'entend que ce n'est pas des audits comme celui-là qui font que, demain matin, on récupère 350 millions, et que tout va bien, la Couronne-Sud et la Couronne-Nord ont plus de service. On n'en est pas là », affirme Christian Ouellette, maire de Delson et président de la TPECS.
Cela dit, l'augmentation des coûts du transport en commun sans augmentation de service est un des plus grands problèmes auquel les municipalités du Grand Montréal font face. L'enjeu persiste depuis des années selon M. Ouellette, et la TPECS estime à 20% les hausses des contributions municipales annuelles pour la Couronne-Sud dans le transport collectif.
« On gère des déficits, le transport collectif, ce n'est pas rentable », explique le maire, en notant que la baisse d'achalandage, la hausse du prix de l'essence et les coûts des contrats d'Exo contribuent à la baisse de la rentabilité du transport collectif et la hausse des coûts de ce dernier. Le maire de Delson lance que l'optimisation des services, comme le remplacement de lignes d'autobus régulières qui sont peu utilisées par des services d'autobus à la demande, serait préférable, mais que des coupures de plusieurs millions de dollars pourraient être nécessaire pour les municipalités, qui selon lui n'arrivent plus à faire leur part pour financer le transport.
Des enjeux de gouvernance
Outre la crainte de devoir effectuer des coupures de service pour alléger les coûts du transport, la TPECS réitère le besoin de donner davantage de pouvoirs de décision aux municipalités, et se dit concernée par les recommandations de diminuer le nombre d'élus sur les conseils d'administration de transport collectif.
« Si on parle de décideur-payeur, on ne peut pas nous envoyer une facture et nous dire qu'on ne prendra pas de décisions », lance M. Ouellette. La TPECS souhaite que les municipalités aient toujours leur mot à dire sur la gestion du transport en commun sur leur territoire, tout en demandant un partage des coûts plus « équitable ».
C'est dans la même lignée que les élus ont exprimé que selon eux, les Villes et l'ARTM auraient dû participer aux récents audits.
2025 et au-delà
Le gouvernement du Québec investira 200 M$ dans le transport collectif dans le Grand Montréal en 2025, mais les élus de la Couronne-Sud souhaitent qu'au printemps, son plan pour les cinq prochaines années soit dévoilé. Christian Ouellette affirme que les 40 municipalités de l'organisation politique collaboreront avec le ministère des Transports, mais qu'il doute de l'efficacité des coupures suggérées dans le rapport des audits.
Rappelons qu'en octobre passé, la TPECS critiquait également la hausse de taxe d'immatriculation prévue pour les propriétaires de véhicules résidant dans le Grand Montréal. Cette taxe, qui s'élevait à 59$ cette année, atteindra 150$ en 2025, et devrait servir à financer le transport en commun dans la région.