En remblayant sans autorisation un milieu humide de Longueuil, le Canadien National (CN) aurait détruit l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon du marais Darveau, situé à environ trois kilomètres du boulevard Béliveau.

C’est lors de l’inventaire annuel de la rainette faux-grillon mené par l’organisme environnemental Ciel et Terre, que le directeur de la conservation Tommy Montpetit a constaté le silence anormal du marais Darveau, situé en bordure de la route 116 à Longueuil. Habituellement, les rainettes chantent à tue-tête au printemps.

Ce silence s’explique notamment par le remblaiement d’une partie de ce milieu humide qui abritait une population de cette espèce vulnérable. Mise au courant de la situation, la Ville de Longueuil a informé le ministère de l’Environnement et la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) du Québec.

Le marais est situé à moins de cinq kilomètres du boulevard Béliveau où un décret d’urgence a été adopté en novembre pour protéger la rainette menacée par les travaux de prolongement du boulevard.

Le quotidien La Presse confirme que le CN est l’auteur des travaux de remblayage et qu’un avis de non-conformité a été émis par le MELCC en novembre dernier. Les travaux au marais Darveau auraient été effectués en août afin d’entreposer des matériaux. Le CN affirme ne pas avoir été au fait que ce milieu humide abritait des espèces vulnérables, selon La Presse. Pourtant, la présence de la rainette faux-grillon et de son habitat essentiel au marais Darveau est bien documentée par les différents paliers de gouvernement.

« Ces événements d’août 2021 sont franchement déplorables et montrent encore une fois toute l’importance pour la Ville de Longueuil d’adopter un plan robuste de protection des milieux naturels, comme notre administration prévoit le faire dès l’automne prochain, déclare la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. Il s’agit de l’une de nos grandes priorités. Depuis notre élection le 7 novembre dernier, nous avons posé plusieurs gestes réitérant cet engagement, de même que posé plusieurs actions dans la même optique, dont certaines visent spécifiquement la rainette faux-grillon, notamment dans le dossier du boulevard Béliveau. Très rapidement, nous avons ouvert des canaux de communication avec l’ensemble des partenaires publics et privés qui devront être impliqués dans le dossier, dont le CN, qui a fait preuve d’ouverture et nous a exprimé une volonté de collaboration pour la suite des choses. C’est tant mieux, car nous aurons besoin de tout le monde pour assurer la mise en œuvre et le respect de notre plan dans l’avenir. »

Face à cette nouvelle catastrophe écologique, la Société pour la nature et les parcs (SNAP) du Québec demande une enquête à Ottawa : « Nous demandons au ministre fédéral de l’Environnement de déclencher une enquête transparente et de déterminer si une infraction aux interdictions générales de la Loi sur les espèces en péril a été commise. »

À l’heure actuelle, il ne reste que sept populations de rainettes faux-grillons encore viables au Québec, dont trois se situent sur le territoire de l’agglomération de Longueuil. En 60 ans, 90 % de la population de cette espèce à disparue à travers la province.

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